Dora d’Istria, savante libérale et femme émancipée
Dora d’Istria, a pour autre nom Elena Gjika ou Ghica. Elle est la duchesse Helena Koltsova-Massalskaïa, par son mariage avec un prince russe. D’origine albanaise lointaine, mais née roumaine, elle est une romancière et une féministe célèbre. Ainsi, Dora d’Istria est son nom de plume.
Dora d’Istria, une femme des plus cultivées
Née Elena Gjika à Bucarest en 1828, Dora d’Istria grandit dans une famille princière, car son père est le frère du prince régnant de Valachie : Grigore IV Gjika. Elle bénéficie d’une excellente éducation, et profite de séjours à l’étranger pour la perfectionner. Avec sa famille, elle vit d’abord à Dresde, puis à Vienne, Venise, et enfin à Berlin.
Elle se fait remarquer pour sa plume en 1855, après avoir déjà écrit de nombreux ouvrages. Multilingue, elle écrit surtout en français sous le nom Dora d’Istria. Ses multiples travaux manifestent sa maîtrise du roumain, sa langue maternelle, mais aussi de l’italien, de l’allemand, mais aussi des langues anciennes (latin, grec…). Une femme extrêmement cultivée ! Elle se fait connaître aussi et surtout par ses opinions libérales sur des sujets religieux et politiques. C’est aussi son talent tout particulier pour défendre son point de vue, qui lui vaut sa réputation.
Elle meurt à Florence, la ville qu’elle adopte définitivement, le 17 novembre 1888.
Doria d’Istria : son œuvre cassante et considérable
Son premier ouvrage, La vie monastique dans l’Église orientale (1855) appelle à l’abolition des ordres monastiques.
Puis, dans le tract Les femmes en Orient (1859), elle manifeste sa faveur pour l’émancipation des femmes en Orient. Son féminisme se poursuit dans une nouvelle œuvre : Des femmes, par une femme (1869). Elle y compare la situation des femmes en Europe latine avec celle de l’Allemagne. Grâce à cette démonstration, elle réclame fermement l’égalité de traitement entre hommes et femmes.
Son livre Gli Albanesi in Rumenia a été précédé d’une série d’articles sur les nationalités d’Europe du Sud-Est et leur lutte pour l’indépendance. Egalement, elle y parle des origines albanaises de sa famille, les Gjika. Dora d’Istria a publié en 1866 un article intitulé La nationalité albanaise selon les chansons folkloriques. L’étude a été traduite en albanais en 1867 par le patriote italo-albanais Dhimitër Kamarda. Une fois publiée, elle apparaît précédée d’un poème révolutionnaire albanais, qui exhorte les Albanais à se soulever contre les Ottomans.